Les mineurs au travail - Tableau de Jean-Marie Walaster (1927 - 2000) Rossellois de naissance et Naborien d’adoption, cet artiste a consacré de nombreux tableaux à la vie des mineurs.
Les dernières années des Houillères de Lorraine.
Extraits de l’article de François Belin paru dans le numéro de décembre 2006 de la revue : “Le Pays Lorrain”
Dans un précédent article nous avons évoqué l’histoire des houillères du bassin mosellan depuis leur origine au début du XIXe siècle, jusqu’à leur apogée des années 1960. Nous suivrons maintenant le lent repli que leur imposa la conjoncture internationale du marché de l’énergie. Rappelons seulement que, commencée par plusieurs compagnies minières en 1835, l’exploitation de la houille se développa après l’annexion de 1871 dans l’espace économique allemand, et reprit avec vigueur après 1919 dans la cadre français. De 3,8 Millions de tonnes en 1913, la production passait à 6,7 Millions de tonnes en 1938, Après la guerre de 1939-1945, les compagnies furent nationalisées, et la production redémarra montant de 2,2 Millions de tonnes en 1945 à 10,3 Millions de tonnes en 1950 tandis que le personnel passait de 29 000 agents en 1945 à 45 000 en 1947.
Stabilisation de la croissance - 1955-1963
La crise mondiale constatée à l’époque de la guerre de Corée (1949-1953), la montée en puissance du pétrole (mise en valeur des gisements sahariens par la France) et l’abandon progressif de la traction à vapeur amorcèrent une mévente de la houille entraînant un ralentissement de l’expansion des houillères lorraines et le déclin des autres bassins français qui ne disposaient plus de réserves de gisement. Cette difficulté d’écoulement était aggravée par l’obligation pour les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL), de commercialiser le tiers de la production de Saarbergwerke en application des accords franco-allemands qui avaient confirmé, le 27 octobre 1956, les anciens contrats permettant aux houillères lorraines d’exploiter sous le territoire sarrois.
Des jours de chômage furent institués dès 1949 et en 1965 l’embauche des jeunes fut supprimée. C’était une révolution sociale considérable pour la population minière habituée à l’exercice du métier de père en fils, avec la quasi certitude d’un emploi à vie. Heureusement pour la population du pays minier, le retour de la Sarre à l’Allemagne en 1955 fut accompagné d’une forte incitation à la création d’entreprises dans ce Land et les jeunes Lorrains, notamment les femmes, trouvèrent des emplois. Inversant l’ancien sens de migration des travailleurs frontaliers, ils furent quelques années plus tard 15 000 à traverser quotidiennement la frontière. De ce fait, l’arrêt de l’embauche HBL ne fut pas perçu brutalement dans le bassin, et l’augmentation du rendement, compensa la réduction des effectifs.
Cette période d’adaptation à la fin du règne hégémonique du charbon fut marquée par la grande grève de mars - avril 1963. Pour la première fois, le personnel HBL, toutes catégories confondues débraya. La direction HBL entreprit alors une action de reconversion et de diversification industrielle du bassin, avec la création d’un service “industrialisation” chargé de rechercher et d’assister dans leur implantation des entreprises nouvelles, en liant ces actions à la reconversion d’agents volontaires vers ces nouvelles firmes.
Cette phase de poursuite de la modernisation de l’entreprise, avec augmentation des rendements qui passèrent de 2 tonnes jour par homme/poste en 1952 à 4,4 tonnes jour en 1972, parvint à un sommet de la production avec 15,6 Millions de tonnes en 1964, suivi d’une décroissance à 10 Millions de tonnes en 1972. Cette récession était liée à la baisse de la demande, mais aussi à la politique de l’entreprise qui « calait » la production sur la fonte naturelle des effectifs, dans le souci d’éviter tout licenciement, ce qui était inimaginable dans la tradition HBL.
Les effectifs passèrent ainsi de 45 000 agents en 1947 à 20 000 en 1972 sans crise notable. Ces années de lente adaptation à un nouveau paysage de l’énergie, virent également la cokéfaction pâtir gravement de la crise de la sidérurgie lorraine qui diminua considérablement ses achats de coke et de fines à coke. La réduction de la production de coke entraîna la diminution du gaz de cokerie. Cela eut deux conséquences considérables :
- l’arrêt de la vente de gaz de houille à la région parisienne, vite remplacé par le gaz naturel néerlandais du gisement de Groningue ;
- le passage de la carbochimie de la plate-forme de Carling à la pétrochimie, la source d’approvisionnement en gaz de houille étant compromise alors que cette unité s’engageait dans un développement à une échelle internationale.
Ce changement capital pour l’avenir industriel du bassin s’est opéré en coopération avec les voisins sarrois, dans le cadre d’un dispositif complexe qui voyait, grâce à un réseau de pipe-lines transfrontaliers, le brut du Moyen-Orient arrivé à Strasbourg, atteindre la raffinerie de Klarenthal en Sarre, d’où le naphta était envoyé aux vapocraqueurs de Carling, fournissant les produits de base (éthylène, propylène etc.) de la plate-forme. Issu de cette unité, un dernier pipe-line transportait l’urée à Perl, à la frontière franco-luxembourgo-sarroise pour y alimenter une usine d’engrais.
En 1968, les groupe des industries de la houille de Carling, avec son complexe chimique, quitta l’entreprise HBL. Ce vaste ensemble forma avec Ugine, “Ugilor”, conglomérat à vocation chimique de dimension internationale. Avec des montages financiers successifs, Ugilor fut fondu dans la Société Chimique des Charbonnages de France, à CdF Chimie, Orkem, Atochem, Atofina, Total, Arkéma. Cette plate-forme constitue actuellement, avec ses usines, son Centre de recherches et ses nombreux salariés, un élément essentiel de la vie industrielle du bassin.
La récession de la production charbonnière impliqua la fermeture des sièges les plus difficiles à exploiter et les moins rentables alors que le montant de la subvention de l’État couvrant le déficit de l’entreprise croissait. Plusieurs “Plans charbonniers” se succédèrent ainsi, suscitant chez les mineurs et leurs organisations syndicales des réactions plus ou moins violentes. La plus importante fut la grève des mineurs de Faulquemont qui, à l’annonce de la fermeture programmée de leur siège en 1971, envahirent et occupèrent de façon “musclée” la Direction Générale des Houillères.
Les évolutions sociales qui suivirent les mouvements de mai 1968 eurent pour effet, en 1969, de remettre au Comité d’Entreprise HBL la gestion de toutes les institutions sociales mises en place au cours des ans par l’entreprise. Dès 1962, la direction avait engagé une importante action de transfert des activités sociales aux administrations et organismes publics compétents (assistantes sociales, écoles ménagères, transports d’élèves, etc.). Ce processus était vu au sein de l’entreprise comme une “déHBLisation” progressive du bassin. Par contre, il fallut attendre les années 1980 pour que l’Éducation Nationale se décide à prendre en charge les écoles professionnelles HBL.
Pendant toute cette période, la population minière vivait sa version des “30 glorieuses” avec en particulier une augmentation accélérée du parc des voitures, (on notait en moyenne 1 auto pour 11 personnes parmi le personnel HBL dans les années 60, contre 1 voiture pour 4 en moyenne nationale. Le rattrapage fut rapide. Les familles de mineurs découvraient aussi les véritables départs en vacances avec les périodes de congés collectifs par siège et “l’aide aux vacances” de l’entreprise, abandonnant ainsi le modèle traditionnel des mineurs-paysans qui émiettaient leurs congés tout au long de l’année pour les foins, les pommes de terre et autres travaux agricoles.
Le choc du “Kippour”
La guerre du “Kippour”, en 1973, en provoquant la hausse brutale et considérable du prix du baril de pétrole interrompit brusquement cette lente et relativement calme décroissance. Le gouvernement demanda, en 1974; aux charbonnages français et spécialement à la Lorraine d’augmenter la production, mais dans une industrie aussi lourde, les virages rapides n’existent pas.
Pour produire plus il fallait plus de chantiers, plus de machines, plus de mineurs. Mais l’embauche étant arrêtée depuis 10 ans, le courant qui amenait les fils de mineurs à descendre au fond était tari, et l’emploi au jour plus attractif dans les usines de reconversion et surtout en Sarre où les salaires des fils pouvaient. être supérieurs à ceux de leurs pères mineurs. Cette période de relance se traduisit sur le plan de l’exploitation par des ouvertures de nouveaux chantiers, et très spectaculairement par la décision, en 1975, de rouvrir le siège de Sainte-Fontaine fermé en 1972. Un nouvel objectif de production fixé par le gouvernement de l’époque envisageait de remonter des 9 Millions de tonnes atteints en 1974 à 11 Millions de tonnes par an, chiffre porté ensuite symboliquement à 15 Millions de tonnes par les autorités publiques et les organisations syndicales, mais qui se révéla inaccessible économiquement et techniquement.
Pour le personnel, une intense campagne de recrutement fut lancée dès 1974 dans toute la France, notamment dans les autres bassins houillers en voie de fermeture. Le slogan « Mineur, un métier d’avenir » affiché partout, alors que le chômage se développait dans le pays, eut des résultats inégaux. Certaines années, pour une embauche de 3 000 candidats, il n’en restait plus que 1 000 en fin d’année. Les conditions du travail au fond, même si elles n’avaient plus rien à voir avec Germinal, en rebutaient beaucoup, et 1976 vit encore une catastrophe minière lorsque, le 30 septembre, un incendie provoqua la mort de 16 mineurs au siège de Merlebach.
Faute de trouver assez de mineurs en Europe, HBL se brancha sur la filière officielle qui recrutait depuis plusieurs années des Marocains du sud de l’Atlas pour les Houillères du Nord et du Pas-de-Calais. C’est ainsi que 80 ouvriers marocains furent embauchés chaque mois en Lorraine avec des contrats de 18 mois. Le bassin houiller lorrain qui ne comptait plus à cette date beaucoup de personnel étranger (Polonais et Italiens s’étaient intégrés}, vit arriver comme une donnée nouvelle cette population maghrébine. En 1981, le statut du mineur fut accordé à ces travailleurs qui purent faire venir leurs familles.
Cette politique de relance fut confirmée par la nouvelle majorité politique de 1981, elle se traduisit par la mise en service, la même année, du nouveau groupe VI de la centrale thermique de Carling, destinée à conforter l’utilisation énergétique de la houille et par le très large développement du siège de la Houve, aux rendements impressionnants.
Le cortège de Sainte Barbe à la cité Jeanne d’Arc en 1976. Des mineurs en tenue de travail transportent la statue de la patronne de la corporation provenant de l’ancien siège de Folschviller vers celui de Sainte-Fontaine qui venait d’être réouvert dans le cadre de la relance de la production charbonnière. Cliché F. Belin.
La décroissance
Le nouvel équilibre du marché énergétique mondial qui fit suite à l’effet “Kippour” avec d’une part la réduction de la demande liée à la crise économique internationale des année 1970 -1980, et d’autre part l’augmentation considérable de l’offre tant pétrolière (les nouveaux champs offshore}, que charbonnière, avec les nouveaux producteurs houillers que la crise pétrolière avait suscités (Australie, Afrique du Sud, Canada, etc.) réduisit rapidement et massivement la demande de houille nationale.
Pour les Houillères lorraines, la formule « on ne produira que ce que l’on pourra vendre » marqua la fin du mythe de la primauté de la production, le mineur ne devait plus être cet homme qui dangereusement arrachait à la terre le “pain de l’industrie”, même si cette image ne correspondait plus à la réalité depuis longtemps. Il était invité à devenir membre actif d’une politique de reconversion régionale renforcée et d’une diversification porteuse d’avenir pour ses enfants.
Les Houillères du Bassin de Lorraine s’attachèrent désormais à forger une nouvelle image de l’entreprise, abandonnant toute prééminence dans la vie du bassin, et devenant partenaire des collectivités et des entreprises locales. Le signe le plus fort de cette perspective fut l’arrêt total de l’embauche en 1983. Les effectifs qui étaient descendus à 23 000 en 1973 et remontés à 25 000 en 1983 reprirent une décroissance régulière : 13 000 en 1993 et 10 000 en 1997.
Pendant cette période, si la production régressait lentement, passant des 9 Millions de tonnes produites en 1974 à 8,3 Millions de tonnes en 1990, les rendements progressaient de façon spectaculaire, passant de 4,4 tonnes par jour et par homme en 1974, à 6 tonnes par jour et par homme en 1990, les progrès techniques (méthodes et matériels) et la formation sans cesse améliorée des mineurs, ainsi que la sélection des chantiers exploités expliquent ces performances.
Simultanément la fermeture des sièges miniers et des sites industriels s’est continuée : après Saint-Charles en 1966, la centrale Paul Weiss en 1972, Faulquemont en 1974, Folschviller siège et centrale en 1979, Sainte-Fontaine et Wendel en 1986, la centrale de Grossbliederstoff en 1987, Simon Marienau en 1997.
L’année 1985 vit la dernière grande catastrophe minière avec l’explosion de grisou au siège Simon à Forbach, le 25 février, où 22 mineurs laissèrent leur vie. Le coût d’exploitation du charbon lorrain, même s’il se situait en très bonne place parmi les houillères européennes, ne pouvait pas se comparer à celui des charbons importés des gisements d’outre-mer, et l’État, actionnaire unique ne pouvait plus continuer à couvrir le déficit, alors que d’importantes réserves se trouvaient dans le sous-sol du bassin mosellan.
Dépôt d’une gerbe devant la statue du mineur à Petite-Rosselle dans les années 1990 lors de la cérémonie annuelle à la mémoire des victimes de la mine en présence des délégations des Sociétés de mineurs du Bassin lorrain et de la Sarre. Cliché F. Belin.
La succession
La décroissance des effectifs s’est poursuivie avec les départs à la retraite et les reconversions. Elle fut aidée en cela par le “Pacte Charbonnier” mis en place par l’État en 1994. Il instituait un “Congé charbonnier de fin de carrière (CCFC)”, permettant aux agents volontaires de quitter l’entreprise avant le terme normal de leur retraite. Le personnel HBL qui comptait encore 10 000 agents en 1997 se réduisait à 5 580 en fin 2001, et 2 285: en fin 2004, avec une production passée de 4,7 Millions de tonnes en 1997 à 1,7 Million de tonne en 2003.
À partir des années 1990, HBL procéda progressivement à la cession de son ancien empire industriel et immobilier par des créations de filiales et par des ventes, à des groupes alliant plusieurs firmes. Citons trois exemples :
- la centrale électrique de Carling cédée en 1994 à la “SNET” (Société Nationale d’Electricité et de Thermique), constituée par EdF, Charbonnages de France et ENDE (société électrique espagnole) ;
- le laboratoire industriel de Marienau devenu “ATEST” vendu le 26 mars 2001 au groupe Air Liquide-Innovation ;
- le réseau de chemin de fer acquis le 7 novembre 2001 par “VFLI” (Voies ferrées locales et industrielles, filiale de la SNCF).
En même temps, les Houillères du Bassin de Lorraine qui avaient géré jusqu’à 25 000 logements, rasèrent certaines bâtisses anciennes, vendirent des habitations à leurs occupants ou à d’autres acquéreurs et se dégagèrent peu à peu de l’emprise traditionnelle de la “Mine” sur la région. Le 22 juin 2001, intervînt un événement hautement significatif avec la vente par les Houillères du Bassin de Lorraine du reste de leur parc de logements (16 000) à la “SA Sainte-Barbe”, filiale de la “Société Nationale Immobilière” (SNI).
Pendant toute cette période, l’effort d’industrialisation mené par la direction des HBL et les collectivités locales, dans le cadre du Fonds d’industrialisation du bassin houiller (FIBH) a porté ses fruits avec la création par les communes de nombreuse zones industrielles, issues en partie des friches des houillères, et l’implantation dans les différents secteurs du bassin de nombreuses firmes d’activités fortement diversifiées.
La région a ainsi démontré que sa situation géographique, sa culture industrielle et son bilinguisme lui permettaient de passer de la mono-industrie houillère à un espace économique compétitif sur le plan européen avec par exemple Viessmann (chaudières) à Faulquernont, Grundfos (pompes) à Longeville-lès-Saint-Avold, SMART (automobiles) à Hambach, Pilkington (verres industriels) à Farébersviller.
C’est donc tout un paysage industriel et tout un dispositif social qui se modifie, changeant les repères qui étaient familiers à la population du bassin, suscitant parfois des inquiétudes individuelles et collectives. Les municipalités ont appris peu à peu à renoncer à l’appel traditionnel aux HBL à propos de beaucoup de prestations (la houillère “vache à lait” suivant la formule de la direction) et à prendre en main l’avenir de la région.
Pour les HBL, ce fut aussi un apprentissage que de renoncer à la politique d’interventions parfois bien lourdes et à une omniprésence historique en la remplaçant par un partenariat actif pour la reconversion du bassin. Cette prégnance des houillères eut une dernière fois l’occasion de se manifester au moment des imposantes et émouvantes cérémonies qui marquèrent successivement la fermeture des sièges de Merlebach, le 20 septembre 2003, et de la Houve, le 23 avril 2004, consacrant ainsi la fin de l’exploitation charbonnière souterraine en France. Achevant son rôle actif dans la vie du bassin, les HBL ont participé à la mise en place, en septembre 2003, d’un organisme réunissant les collectivités publiques, avec comme objectif de reprendre et développer l’action de reconversion économique du bassin, l’”AGEME” (agence d’expansion de la Moselle-est).
Sur le plan juridique, en application de la loi du 3 février 2004, les Houillères du Bassin de Lorraine, établissement public industriel et commercial, ont été dissoutes le 29 février 2004 et leur patrimoine transféré à Charbonnages de France qui resta le seul établissement des houillères en France.
L’Après mine
Illustration : Le Carreau Wendel à Petite-Rosselle avec le Musée de la Mine.
Progressivement et systématiquement, HBL-CdF libère ses emprises en arasant les bâtiments industriels et en nettoyant les terrains, soit directement, soit par l’intermédiaire de l’EPFL (Etablissement Public Foncier de Lorraine) dans la perspective de l’abandon des concessions minières prévu par la loi.
Mais il s’agit d’une opération lourde et complexe mise en route depuis 1979 à la fermeture de Folschviller. Le code minier fait en effet obligation aux titulaires des concessions, de remettre en état les terrains à l’issue de l’exploitation en les dégageant des conséquences des travaux miniers tant au fond qu’en surface. Ceci implique la fermeture et la mise en sécurité des puits, le nettoyage et la sécurisation des terrains de surface, carreaux, terrils, etc., la dépollution au fond et au jour, le traitement des eaux, la maîtrise du dégagement du méthane (grisou) etc.
À un rythme étonnamment rapide les traces de l’Industrie charbonnière disparaissent du paysage du bassin. Heureusement l’initiative de diverses personnes, attachées à son histoire et à son avenir a créé en 1985 un “Centre de Culture Scientifique et Technique du bassin houiller {CCSTI)” avec l’objectif de sauvegarder des éléments essentiels du patrimoine industriel du bassin (bâtiments, archives, études humaines, sociales et techniques) et de créer un tourisme industriel mettant en valeur sites, monuments historiques et industriels, etc. L’action du CCSTI a permis notamment de sauver des collections de matériels miniers et de créer un musée industriel au puits Wendel à Petite-Rosselle. En 1988 et 1993, des colloques ont contribué à assurer la sauvegarde des archives des HBL et des organisations sociales et syndicales du bassin.
L’importance du projet du carreau Wendel a conduit en 2000 à la création d’un Syndicat Mixte chargé de réaliser ce témoin de 190 ans d’histoire de l’industrie lourde en Moselle-Est tout proche du site des anciennes usines sidérurgiques des Voklinger Hutte, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le rôle des Houillères du Bassin de Lorraine fut déterminant pendant près de 190 ans pour toute une région et l’Histoire observera que par son enracinement local et la volonté de ses membres de réaliser dignement son effacement en bon ordre, elle laisse au bassin, avec une culture industrielle reconnue, un capital d’avenir.
Cependant, le charbon, sera encore longtemps présent non seulement dans l’esprit des hommes du bassin, et dans le patrimoine immobilier créé par les houillères mais également par l’exploitation des schlamms des bassins de décantation et par celle du grisou se dégageant encore du gisement. Et l’avenu peut toujours réserver des surprises !
En effet, les recherches envisagées par le groupe australien “EGL” (European Gas Limited) qui a obtenu le permis de recherche “Lorraine bleue” pour l’exploitation du méthane du gisement houiller mosellan au sud de la zone déjà exploitée par les houillères, nous renvoient au temps des Compagnie pionnières du début du XIXe siècle !
La formule de nos collègues sarrois « Eins ist sicher : Unsere Kohle » (une chose est sûre, notre charbon !) se vérifierait-elle ?
Couverture de la brochure éditée par les Charbonnages de France à l’occasion de la fermeture du siège de La Houve le 23 avril 2004.