Deux généraux Naboriens : ALTMAYER et HIRSCHAUER.

Extraits de la revue “Initiatives”

Saint-Avold ne compte pas moins de vingt généraux nés dans ses murs. Nous nous intéresserons dans cet article à deux d’entre eux qui ont donné leur nom à deux rues importantes de la ville.

Victor Joseph Altmayer (1844 - 1908)

Victor Joseph Altmayer est né à Saint-Avold le 14 juin 1844, de Jean Nicolas, propriétaire, alors âgé de 47ans, domicilié à Saint-Avotd, rue de Longeville (l’actuelle rue Hirschauer) et de Marguerite Virginie Félicie Delinot, son épouse. Après une enfance heureuse passée à l’ombre du clocher de Saint-Nabor, Victor Joseph se destine à une carrière militaire à l’instar de son frère Pierre Anatole, décédé lors d’une campagne militaire au Maroc en 1859.

À la séance du Conseil municipal de Saïnt-Avold, du 8 mat 1863, le maire Spinga donne communication d’une demande faite par Jean Nicolas Altmayer, cultivateur, afin d’obtenir pour son fils Victor Joseph un trousseau et une bourse pour l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. Le premier magistrat de la ville précise, en cette circonstance, que le père a toujours rempli avec dévouement des fonctions gratuites, qu’il est membre du conseil depuis le 3 mai 1830, qu’il a été membre du Conseil d’arrondissement de 1832 à i 1842, membre du Conseil municipal de 1842 à 1848, qu’il a occupé la place de maire de 1843 à 1847, qu’il est suppléant du juge de paix du canton depuis 1838, membre du comité consultatif d’agriculture depuis 1829 et membre du conseil supérieur d’agriculture, qu’à ce dernier titre le Ministre de l’Agriculture l’a nommé trots fois juré et, membre des commissions chargées de visiter les domaines concourant à la prime d’honneur dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Meurthe. M. Spinga ajoute que depuis 1824, année à laquelle Jean Nicolas a commencé sa carrière de cultivateur, il a rendu des services à l’Agriculture en convertissant en bois des dunes sablonneuses et en bonnes prairies des marais tourbeux. Le Préfet de la Moselle donne son accord définitif le 14 septembre 1863. La voie de Victor Joseph est tracée. Il sera militaire et un grand soldat.

Le 8 novembre 1863, il entre à Saint-Cyr. Nommé sergent fourrier le 1er octobre 1864, il sort 3e sur 248 élèves. Le 1er octobre 1855, il rejoint, comme sous-lieutenant, le 26e régiment d’infanterie de ligne. Le 1er janvier 1866, il entre à l’École d’Application d’État-Major, d’où il sort, le 8 janvier 1868, 4e sur 17 élèves.

Il est alors affecté comme lieutenant du Corps d’État-Major au 7e régiment de Hussards puis, le 6 janvier 1870, en la même qualité, au 35e régiment d’infanterie de ligne, qu’il rejoint dans les États Pontificaux. Pendant la guerre de 1870, il prend part, après Sedan, aux combats sous Paris comme officier d’ordonnance du général d’Exéa. Il se signale le 2 décembre lors de la bataille de Champigny, en faisant annuler un ordre de retraite qu’il portait à une brigade (initiative qui lui vaut la croix de la Légion d’honneur), puis au combat du Bourget (21 décembre).

Il opte pour la France, par acte du 2 octobre 1871. Il épouse Esther de Laruelle en 1874. Le couple aura six enfants, dont Robert et René qui embrassent aussi la carrière militaire. Après plusieurs séjours en Algérie puis en Espagne, il est affecté le 8 mai 1877 à l’État-Major général du Ministre de la Guerre, au cabinet du général de Miribel, Chef d’État-Major Général. Il est aussi chargé de créer le cours d’État-Major à l’École Supérieure de Guerre. Il est nommé le 15 janvier 1879 au 2e bureau de l’État-Major Général.

Après un bref séjour en Tunisie comme chef d’État-Major Général, il est nommé comme Commandant du 69e de ligne à Nancy. Il est promu colonel le 15 avril 1890, puis nommé Officier de la Légion d’Honneur, le 5 juin 1892. Enfin, le 20 décembre 1892, il remplit les fonctions de chef d’État-Major du 9e Corps d’Armée à Tours. Il est promu divisionnaire le 8 mars 1901 et Commandeur de la Légion d’Honneur le 30 décembre 1902.

Le 24 juin 1906, il est nommé au commandement du 12e corps d’Armée à Limoges. Il y décède le 1er décembre 1908.

André Auguste Édouard Hirschauer (1857 - 1943)

André Auguste Édouard Hirschauer est né le 16 juin 1857 au numéro 20 de la rue de Longeville, du commissaire de police rnulhousien Charles Édouard Hirschauer, installé à Saint-Avold depuis le 1er octobre 1856 et de Julie Dufour, originaire d’Embry (Pas-de-Calais). Le vicaire Bayer baptise le nouveau-né le dimanche 28 juin dans l’ancienne église abbatiale, devenue église paroissiale en 1792. Après une brève scolarité passée à Saint-Avold, André Auguste Édouard Hirschauer se consacre à la carrière des armes. La famille quitte Saint-Avold après 1870, suite au rattachement de Saint-Avold au Reich.

Un pionnier au service de l’aéronautique militaire française

Admis avec succès à l’École Polytechnique puis à l’École d’Application du Génie d’où il sort major, lieutenant du 1er Génie de Versailles, il s’affirme lors d’une expédition dans le sud-oranais en 1881. Capitaine en 1883, il sert à l’état-major du Génie à Lille pour diffuser son savoir comme professeur à l’École Militaire de Saint Cyr en 1888 et à l’École Supérieure de la Marine. Premier de l’École Supérieure de Guerre, il est rapidement breveté d’état-major. Sa carrière s’accélère puisqu’il est nommé chef de cabinet du général Le Mouton de Boisdeffre, chef d’état-major général de l’armée. Il est alors chargé de plusieurs missions par le gouvernement dans les Balkans, en Turquie et en Afrique.

En servant dans l’aérostation, il tente d’adapter cette aviation balbutiante aux combats modernes. Il est pour ainsi dire le père de l’aviation militaire française. Après quelques commandements comme lieutenant-colonel et colonel à Arras et à Lille, il est nommé inspecteur permanent de l’aéronautique militaire. Jeune capitaine, André Auguste Édouard Hirschauer épouse le 9 octobre 1883 à Pagny-sur-Moselle, Marie-Claire Élisabeth Joséphine Goussel, née à Metz le 24 novembre 1858. Le lendemain, 10 octobre, le couple se rend avec ses invités à Metz pour la célébration du mariage religieux à l’église Sainte-Ségolène.

Un patriote au service de son pays : 1914-1918

En 1914, il commande une brigade qui comprend les 5e et 8e Génie de Versailles, pour devenir chef d’état-major des défenses du camp retranché de Paris sous les ordres de Gallieni. Directeur de l’aéronautique au ministère de la Guerre pendant quatre mois, il crée la célèbre escadrille franco-américaine Lafayette en 1916-1917. Il part rapidement au front à la tête des 29e et 63e brigades d’Infanterie. Général de division en 1916, il commande le 18e puis le 9e corps d’armée et, en couronnement, la 2e armée. Présent sur tous les fronts, il participe personnellement à la bataille de l’Ourq, à celle de la Champagne en 1915 et à celle de Verdun en 1916. Il prend Craonne sur le Chemin des Dames en 1917, retourne à Verdun à la fin de la même année et entre dans Mulhouse, la ville de ses ancêtres, le 25 novembre 1918. Nommé gouverneur militaire de Strasbourg à l’armistice de 1918, il prend sa retraite en 1919, après 45 ans de service actif dont quatre au front. Le gouvernement l’honore en l’élevant, en 1920, Grand-Croix de la Légion d’Honneur et en lui décernant la Médaille Militaire. Quatorze pays, dont l’Angleterre, les USA et le Japon l’honorent en le distinguant de leurs plus hautes médailles militaires.

La carrière politique du Général Hirschauer, sénateur de la Moselle

Très attaché à sa petite patrie naborienne, il y fait de brèves visites malgré un emploi du temps souvent chargé. Il reçoit le 24 août 1919 le Président de la République Raymond Poincaré qui s’arrête à la gare du chemin de fer de Saint-Avold, salué par les notables de tout le secteur. Sa popularité est alors au zénith.

Candidat aux élections sénatoriales en Moselle, le général est élu le 11 janvier 1920 au premier tour de scrutin avec 735 voix, après le chanoine Collin, sur la liste d’Union Républicaine Lorraine.

Il est ensuite constamment réélu au Sénat avec de beaux scores en 1924 et 1932. Passionné d’aviation, il est à de nombreuses reprises rapporteur dans cette assemblée des budgets de l’aéronautique civile et militaire. Plusieurs publications font appel à sa collaboration, telle la “Revue des Deux Mondes” où il traite surtout d’aéronautique. Il y annonce de grands bouleversements dans les transports aériens. Les quatre fils du général serviront aussi dans l’armée de l’air.

Défenseur des intérêts de la Ville de Saint-Avold

André Auguste Édouard Hirschauer, sénateur, et Théodore Paqué, maire et député de Saint-Avold, conservent une estime réciproque. Le sénateur, dans une de ses visites éclairs en 1930, remet à son ami Paqué les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur. Il soutient la municipalité pour conserver à Saint-Avold son statut de ville de garnison, un temps menacé en 1918-1919. Le maire Paqué peut annoncer au Conseil et à toute la population, le 15 avril 1930; que le 3e Peloton de la Garde Républicaine s’installera à Saint-Avold, ainsi que deux escadrons de cavalerie. En fait, ce sont trois escadrons du 18e Régiment de chasseurs à cheval qui font leur entrée à Saint-Avold le 15 juin 1932, précédé par le 16e Bataillon de chasseurs à pied à l’automne 1930.

Il visite au début des années 1920 l’église de son baptême. L’abbé Dicop, curé-archiprêtre, évoque l’anecdote suivante : en voyant l’ancienne chaire à prêcher de 1688, le général sortit spontanément son porte-monnaie et offrit aux conseillers de fabrique présents cent francs en disant : “Voilà pour la première marche d’une nouvelle chaire, vous ne pouvez pas laisser cette chaire-là “.

André Auguste Édouard Hirschauer décède le 27 décembre 1943, âgé de 86 ans. Il repose dans le caveau familial du cimetière Montparnasse à Paris. Saint-Avold l’honore en baptisant une rue qui porte son nom et en faisant poser une plaque commémorative au 20 rue de Longeville, lors de grandioses cérémonies le 5 juillet 1958.