Digue et étang de Hoste-Bas (photo Rosy Sippel)
La trouée de la Sarre, point faible de la ligne maginot ?
par Bernard Becker d’après les études de Paul MARQUE, Philippe KEUER et Philippe WILMOUTH
La longue invasion du territoire français, ravagé par les combats de 1914 - 1918, fit très vite apparaître au lendemain de la “Grande Guerre”, la nécessité de rendre le territoire national inviolable. Comment y parvenir ? Les avis divisèrent le Conseil Supérieur de la Guerre pendant plusieurs années.
Dès le printemps 1919, Clemenceau, alors ministre de la Guerre, posa la question de la défense du territoire au maréchal Pétain, commandant en chef des armées du nord-est. Pétain souhaitait un front continu, une sorte de “muraille de Chine”, mais le pays n’aurait pas pu financer une fortification bétonnée continue, ni fournir avec ses classes creuses à la fois des garnisons suffisantes et des divisions de campagne. Le 15 décembre 1925, le Conseil Supérieur de la Guerre adopta le projet de régions fortifiées discontinues avec priorité à la frontière du nord-est. On s’était mis d’accord pour ne pas fortifier le long de la frontière de la Sarre, région détachée de l’Allemagne par le traité de Versailles, et qui pouvait, dans les 15 ans, par plébiscite, sinon se joindre à la France, du moins devenir indépendante et donc neutre. Cet espace vide constitue un trou dans la ligne Maginot : “la Trouée de la Sarre”.
Carte schématique montrant la position de la “Trouée de la Sarre” Coll. Ascomémo-Hagondange
Projets d’inondations
On confia l’étude de l’organisation de la frontière lorraine au général Berthelot, gouverneur de Metz et commandant de la 6e région militaire. Celui-ci bénéficia de l’initiative d’un ancien officier du Génie nommé Pariset devenu ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées de Moselle, qui étudia les divers obstacles naturels disséminés dans la partie nord du département et utilisables dans les lignes de défense éventuelles : forêts, hauteurs, ravins, cours d’eau. Il donnait la priorité à des inondations réalisables grâce aux étangs existants et des réserves d’eau à constituer. Son rapport achevé le 25 mars 1927 fut présenté au Conseil Supérieur de la Guerre. Pétain visita la région et approuva le projet.
Le programme fut soumis au ministre Painlevé qui l’approuva le 29 décembre 1927. La même année, il créa la Commission d’Organisation des Régions fortifiées, la C.O.R.F. dirigée à partir de 1928 par le général du Génie Belhague et chargée d’étudier le tracé des positions, l’armement, les barrages, les dépenses, d’une manière uniquement défensive, pour respecter l’article 8 du Traité de Versailles. Le programme de la C.O.R.F. fut présenté par Painlevé au Conseil des Ministres le 27 janvier 1929. En fait, les premiers travaux avaient commencé dès octobre 1928 dans la région fortifiée de Lorraine, couverts par les crédits annuels de la 3e section du budget , “constructions et matériels neufs”. Enfin André Maginot, successeur de Painlevé, fit voter la loi du 14 janvier 1930 qui ouvrait des crédits de 2 900 millions, plus 400 millions pour la défense anti-aérienne, échelonnés sur cinq exercices de 1930 à 1934. Tout devait être terminé pour 1935, date prévue de l’évacuation de la Rhénanie et du plébiscite de la Sarre.
Ainsi se dessinait l’avenir de notre secteur. À l’origine un vide, une brèche dans le système fortifié en face du territoire de la Sarre. Puis, grâce à l’initiative d’un ingénieur, il pouvait devenir une région inondable et donc un obstacle sérieux grâce à tout un système de barrages et de réserves d’eau, une “barrière liquide” que l’on nommera bien plus tard “la ligne Maginot aquatique”.
La Sarre choisit l’Allemagne
La Sarre fut, toute ou en partie, française pendant 135 ans, de 1680 à 1815. C’est à partir de cette constatation qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, Clemenceau prétendit qu’il y avait en Sarre 150 000 Sarrois de descendance française, d’où le droit légitime de voir la Sarre être rattachée à la France. Les Alliés émirent une fin de non-recevoir. Toutefois, le traité de Versailles accorda la propriété des charbonnages sarrois à l’État français en compensation de la destruction des mines du nord de la France ; le territoire sarrois était soumis au régime douanier français ; le pays restait sous l’égide de la Société des Nations (SDN) pour une période de quinze ans, au terme de laquelle la population devait être consultée sur le maintien du régime international, l’union avec la France ou l’union avec l’Allemagne.
Si la France retira ses troupes de Sarre en 1927 avant même de retirer les dernières de Rhénanie (1930), la question sarroise demeura épineuse. La campagne électorale du plébiscite de 1935 commença de facto bien avant 1930. Un véritable front uni favorable au retour à l’Allemagne rassembla le clergé, les dirigeants politiques, les syndicats et une très large majorité de la population.
L’arrivée d’Hitler au pouvoir allait produire une faille dans ce front ; le Zentrum faisant alliance avec le N.S.D.A.P., les partis de gauche, le S.P.D. et le K.P.D. s’unissant en une fédération populaire en faveur du statu quo. Spaniol, le chef du parti nazi en Sarre, violent et sectaire, fut remplacé par Pirro, un ancien député du Reichstag qui organisa une propagande intensive en faveur du retour de la Sarre à l’Allemagne et fit distribuer 80 000 affiches. Le plébiscite eut lieu le 13 janvier 1935. Sur 528 104 votants, 477 119 se prononcèrent pour le retour à l’Allemagne, 46 613 pour le statu quo, 2 134 pour l’union avec la France. La réunion effective de la Sarre à l’Allemagne eut lieu le 1er mars 1935, jour qui vit l’entrée triomphale du Führer à Sarrebruck.
Dès lors, il devint urgent de prévoir, en plus de la “barrière liquide” proposée par Pariset, un certain nombre d’ouvrages fortifiés dans les zones qui, en raison notamment de leur relief, ne pouvaient pas être inondées. C’est le cas, par exemple, du saillant de Barst qui fut transformé en “place forte” défendue par le 82ème Régiment de Mitrailleurs d’Infanterie de Forteresse en 1939-1940 et qui s’appuya sur des champs de rails et une multitude de petites casemates.
On avait remarqué, en 1918, que les chars d’assaut traversaient difficilement, et non sans dommages, une voie ferrée préalablement bombardée dont les rails brisés et tordus en tous sens détérioraient ou arrachaient les bandes de roulement. Il fallait donc créer quelque chose de ressemblant. Ainsi naquit l’idée des champs de rails. Ceux-ci devaient remplacer ou doubler les obstacles liquides. Les premiers furent implantés par le Génie en 1935 de l’étang de Hoste-Haut jusqu’au Nonenwald et de part et d’autre de la route de Vahl-Ebersing à Saint-Avold. On en augmenta progressivement la largeur pour arriver à six rangs espacés de 2,10 m. Les rails étaient implantés verticalement et disposés en quinconce distants l’un de l’autre de 90 cm, émergeant du sol de 75 cm à 2 m. Cette inégalité dans le relief devait déséquilibrer et arrêter un engin blindé qui s’y aventurerait.
Champ de rails à Barst
À gauche : destiné à fermer un chemin de champ traversant le réseau de rails antichars derrière le village de Barst, ce wagon d’un modèle unique est un vestige remis en valeur par la commune. À droite : “La Costaude”, l’une des quatre casemates d’artillerie du secteur.
La ligne maginot aquatique
L’expression “ligne Maginot aquatique” a été utilisée pour la première fois par Paul Marque dans son ouvrage éponyme publié en 1989. Elle désigne aujourd’hui le secteur est de la Trouée de la Sarre, de Hoste à Wittring. À l’ouest de la ligne de partage des eaux (Barst - Cappel), de Téting-sur-Nied à Barst-Marienthal (environ 12 km) la rivière Nied allemande fut recreusée dans son lit afin de l’aménager en fossé antichar; il en alla de même avec le ruisseau Langenbach dans lequel on peut voir encore de petits barrages en béton de construction triangulaire.
Dans le secteur est de la Trouée de la Sarre, un ensemble défensif cohérent fut créé en deux ans environ, de 1932 à 1934. De Hoste à Sarralbe, sur une distance de 16 km, se trouvent concentrés six barrages réservoirs, devenus des étangs aujourd’hui livrés aux pêcheurs et aux touristes. Il s’agit des deux étangs de Hoste, de l’étang de Diefenbach, de l’étang du Welschhof, de l’étang des Marais de Rémering et de l’étang de Hirbach. Le volume total de ces six barrages est de 6 415 130 m3 d’eau, qui se déversent dans des biefs formés par des digues de retenue construites sur le Moderbach (ou Mutterbach). Cinq sur huit de ces digues sont encore en place actuellement : celles de Loupershouse, de Puttelange-aux-Lacs, de Rémering, de Richeling et de Holving.
Enfin, de Sarralbe à Wittring (environ 12 km), existaient deux grands barrages : celui d’Herbitzheim et celui de Wittring détruits après 1945 pour faciliter l’écoulement de la Sarre en cas de crue, vu l’importance du cours d’eau dans ce secteur.
Le système d’inondations défensives était prêt fin 1934, mais restait un obstacle passif. À partir de 1935, on commença à construire des blockhaus ainsi que des casernes.
La ligne Maginot aquatique En bleu : les étangs-réservoirs permanents; en vert : les zones inondées en temps de guerre. Coll. Ascomémo-Hagondange
Les deux étangs de Hoste étaient situés le plus en amont dans le système d’inondation de la vallée de la Mutterbach. Implantés sur la “Ligne Principale de Résistance” (LPR), ils étaient les seuls à servir à la fois de réservoir et d’obstacle. Cette particularité unique permet de découvrir aujourd’hui en un même lieu, facilement accessible, la digue de retenue et son blockhaus de défense. De plus l’étang de Hoste-Bas reste le seul encore équipé de son système de siphons, entièrement restauré.
Pour défendre le secteur de Hoste, une caserne fut construite à Saint-Jean-Rohrbach pour y loger les soldats qui défendront le secteur, ceux du 1er bataillon du 69ème Régiment d’Infanterie de Forteresse. À la déclaration de guerre de septembre 1939, ce bataillon voit tripler ses effectifs avec l’arrivée des réservistes et forme le 174ème Régiment de Mitrailleurs d’Infanterie de Forteresse qui sera déployé entre Hoste-Haut et Puttelange-lès-Farschviller (aujourd’hui Puttelange-aux-Lacs).
La digue de l’étang de Hoste-Bas était équipée de deux vannes et d’un système de quatre siphons permettant la vidange et la régulation du niveau du plan d’eau. L’étang de Hoste-Bas reste aujourd’hui le seul des six étangs de la vallée du Mutterbach à être encore équipé de ses siphons. (photos Monique Becker)
L’étang de Diefenbach était le plus important du dispositif par sa superficie, sa capacité et la hauteur de sa digue. Il pouvait déverser 1 120 000 m3 d’eau dans le bief de Puttelange en 36 heures. Aujourd’hui, il a trouvé une belle reconversion dans la pêche et le tourisme.
À gauche : l’étang de Diefenbach, le plus grand étang de la ligne avec 75 ha. - À droite : l’étang des marais de Rémering
Pour être efficaces, les inondations défensives devaient être couvertes par des tirs d’armes automatiques et maintenues sous le feu depuis des positions situées à proximité de la Ligne Principale de Résistance. Pour des raisons financières, la Trouée de la Sarre ne fut pas dotée de gros ouvrages d’artillerie ni de petits ouvrages d’infanterie. Elle fut parsemée d’une multitude de blockhaus de tailles et de valeurs très différentes.
À la veille de la guerre, on considéra que, malgré un certain nombre de carences, le secteur de la Trouée de la Sarre pouvait résister à une attaque brusquée d’infanterie et de chars. Ce secteur était purement défensif, il pouvait jouer son rôle d’autant plus que toute concentration ennemie importante près de la frontière serait connue par l’observation aérienne.
La bataille du 14 Juin 1940
Le 1er septembre 1939, la population civile fut évacuée. Le 3 septembre, suite à l’invasion de la Pologne, la France déclara la guerre à l’Allemagne. En octobre, les effectifs furent triplés dans la Trouée de la Sarre. On y comptait pas moins de sept divisions. Au mois d’octobre, l’armée commença à augmenter progressivement le niveau de l’eau. Plusieurs communes, dont Puttelange, furent alors inondées. Pendant les premiers mois qui suivirent la déclaration de guerre, les deux ennemis se contentèrent de s’observer. C’était la “drôle de guerre”. Lors de sa visite de la ligne Maginot en janvier 1940, Churchill laissa entendre qu’une telle fortification devait tenir les Allemands en respect jusqu’à ce que les industries françaises et anglaises produisent à plein, donc qu’il n’y avait rien à tenter cette année-là. D’autres témoignages signalent une opinion qui s’installait : la guerre n’aboutirait pas forcément à de grands combats mais peu à peu à une solution favorable puisque “nous étions les plus forts”.
Cependant les choses changèrent à partir du mois de mai. Le 10, les Allemands lancèrent une offensive en traversant les Ardennes, pourtant réputées infranchissables. Parallèlement, ils menèrent des opérations de diversion sur la ligne Maginot afin d’y fixer les troupes ennemies.
Les forces françaises situées en avant de la ligne principale de défense se retirèrent, remplacées par les corps francs, et reculèrent progressivement jusqu’au 15 mai. Les inondations furent alors portées à leur maximum.
Le 5 juin, les Allemands étaient face à la ligne principale de défense. Le 12 juin, le général Weygand, commandant suprême de l’armée française, donna l’ordre de repli général vers le sud. Dans la Trouée de la Sarre, ce repli était prévu pour le 14 au soir. Mais ce jour-là, le 14 juin, dès l’aube, les Allemands lancèrent leur opération TIGER.
L’opération TIGER avait pour but de percer la ligne Maginot à l’endroit supposé le plus faiblement défendu, la Trouée de la Sarre, et de foncer en direction de Nancy et de Lunéville. La 1ère armée allemande, forte de 90 000 hommes, chargée de l’attaque se composait de six divisions en première ligne appuyées par l’aviation et par un millier de canons. Du côté français, il y avait six régiments d’infanterie et deux bataillons de mitrailleurs renforcés par diverses batteries d’artillerie. En première ligne, les forces françaises n’alignaient que 17 000 hommes.
Situation dans la Trouée de la Sarre le 14 juin 1940 Coll. Ascomémo-Hagondange
Ce 14 juin 1940, à 6 h 30, un bombardement général de l’artillerie allemande s’abat sur les lignes et les arrières français. Les Stukas, gênés par le brouillard sur l’ouest du secteur, interviennent par vagues de 35 appareils dès 7 h semant la terreur avec leurs bombes et leurs sirènes aux effets psychologiques dévastateurs.
Vers 8 h 30, quand enfin l’artillerie se tait ou allonge son tir, depuis les lisières des bois ou des haies, les Allemands débarquent des canons antichars ou des 88 de D.C.A. et tirent dans les embrasures des blockhaus de première ligne. Ailleurs, ils profitent du brouillard ou des fumigènes pour s’approcher. Puis les groupes d’assaut formés de soldats armés légèrement de pistolets-mitrailleurs et de grenades à manche passées dans le ceinturon s’approchent. Avec eux, viennent des pionniers portant des cisailles à barbelés, des charges longues pour faire sauter les réseaux, des explosifs pour réduire les blockhaus. Ils désamorcent les mines et pratiquent des passages dans les réseaux. L’infanterie suit avec des armes lourdes, fusils-mitrailleurs, mitrailleuses, lance-flammes. Les artilleurs avancent leurs pièces légères et parfois des canons d’assaut sur chenilles. Si l’attaque échoue, le bombardement reprend. Les Allemands ont assez de monde pour engager des troupes fraîches jusqu’au soir. L’artillerie et l’aviation pilonnent les arrières pour empêcher l’arrivée des secours. Du côté français, on souffre beaucoup des bombardements et des sirènes des Stukas. Les blockhaus supportent mal les tirs de plein fouet et des embrasures, pour la plupart mal protégées, ne résistent pas aux tirs directs. Les lignes téléphoniques aériennes ou faiblement enterrées sont coupées, isolant beaucoup d’ouvrages de l’avant. Pourtant en général, toutes les armes qui peuvent tirer sont utilisées sauf les armes antichars, inutiles. Quand c’est possible, on fait une contre-attaque avec les fusiliers voltigeurs, les corps francs, les chasseurs à pied. On se bat à la grenade, au fusil, parfois à la baïonnette. L’artillerie, quand elle n’est pas contre-battue, effectue des tirs de barrage en plus des mortiers de 81 installés sur la position.
Vers 10 h, l’aviation, puis l’artillerie, bombardent Sarralbe et le barrage de l’Albe, qui résiste. Puis on se bat dans les faubourgs et l’usine Solvay situés au-delà de la Sarre et de l’Albe. De violents combats se déroulent dans l’avancée d’Holving. Les récits allemands parlent de “l’enfer de Holving”.
À Remering, dès l’aube, les Allemands amènent plusieurs fois des canons tractés et des mitrailleuses sur la nationale parallèle à la position puis sur le glacis et même jusqu’au cimetière proche de la digue. Repoussés par les tirs des mortiers, les ennemis se replient, mais les mortiers français les atteignent et les obligent à se mettre à l’abri plus loin. L’après-midi le bombardement reprend. Vers 19 h, de nouveaux éléments allemands arrivent au cimetière et poussent jusqu’aux premières maisons contre la zone inondée. Les tirs français ne leur permettent pas d’avancer plus loin. Les marsouins du 41e RMIC (Régiment de Mitrailleurs d’Infanterie Coloniale) tiennent leur position jusqu’à l’ordre de repli.
À la mi-journée, aucune avancée significative n’est enregistrée malgré d’importantes pertes en hommes et matériel. Les Allemands concentrent le maximum de forces pour tenter de percer la ligne de front dans le secteur de Hoste défendu par le 174e RMIF. Dans l’après-midi, après une nouvelle intervention massive de l’artillerie et de l’aviation, les fantassins allemands arrivent partout au contact des positions françaises. Cependant aucune pénétration en profondeur ou percée n’est possible. Surnommée “la Venise du front”, la ville de Puttelange inondée subit quatre attaques au cours de la journée qui, toutes, sont contenues. Les Français restent maîtres de la ville jusqu’à la nuit et ce n’est que sur ordre que les défenseurs quittent leurs positions.
Les combats dans le secteur de Hoste. À l’arrière-plan : le village et l’église en feu. Coll. Philippe Keuer
Au terme de cette journée, les Allemands perdent 1200 hommes et comptent 4000 blessés. Du coté français on dénombre 750 morts et 1800 blessés. Cette victoire, méconnue, sauve l’honneur de l’armée française dans la déroute de 1940.
Côté français, l’ordre de repli général est maintenu, mais en raison des coupures de communications, l’état-major envoie des estafettes pour en informer les troupes de première ligne. C’est en voulant informer une compagnie dont on ignore qu’elle est tombée aux mains de l’ennemi qu’un de ces messagers est à son tour fait prisonnier par l’ennemi… qui est ainsi informé de l’ordre de repli général. Le commandement allemand est soulagé car il ne dispose plus des moyens de la veille pour lancer une seconde attaque. Il se contentera de suivre l’armée française dans le massif vosgien où elle se regroupe et où elle sera bientôt cernée.
Au terme de la première journée de l’Opération TIGER, les hommes de la 1ère Armée allemande ont entamé la Ligne Principale de Résistance, mais n’ont pas pu exploiter ces brèches étroites. Pour les Allemands c’est un échec… Les troupes françaises ont vaillamment résisté, combattant à certains endroits à un contre dix, mais le terrain perdu (avancées et prise des villages de Biding et de Cappel-Barst, infiltration entre les étangs de Hoste-Haut et Hoste-Bas, conquête du bois du Kalmerich à l’est de Hoste-Bas) ne pourra être repris, faute de renforts et le sacrifice des défenseurs français sera réduit à néant par l’ordre de repli exécuté le 14 juin dans la soirée. La propagande allemande transformera cette défaite en victoire…
Dans la nuit du 16 au 17 juin, le maréchal Philippe Pétain, qui vient de succéder à Paul Reynaud à la tête du gouvernement, demande l’armistice aux Allemands. À 12 h 30, le maréchal Pétain lance un appel à cesser le combat : « C’est le cœur brisé que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat ».
En savoir plus
Le livre de Paul Marque “La ligne Maginot Aquatique” publié par les Éditions Pierron en 1989 est aujourd’hui épuisé mais on peut encore en trouver quelques exemplaires sur Internet. L’histoire de la bataille du 14 juin 1940 est retracée dans le livre de Philippe Keuer et Philippe Wilmouth, en vente notamment au musée du Pays d’Albe et de la Ligne Maginot aquatique (maison des Têtes), 40, rue Clemenceau à Sarralbe. Philippe Keuer est un passionné d’histoire locale et de la Ligne Maginot en particulier. Il est membre des Amis du Pays d’Albe et de l’ASCOMEMO d’Hagondange. Invité par la S.H.P.N., il a présenté une conférence sur le sujet à Hombourg-Haut en mai 2009. Il conduit régulièrement des visites de la Trouée de la Sarre.