Hombourg hier et aujourd’hui

La seigneurie épiscopale de Hombourg-Saint-Avold

L’histoire de Saint-Avold et celle de Hombourg sont intimement liées. Tout au long du Moyen Âge et jusqu’à la fin du XVIe siècle, ces deux bourgs de la vallée de la Rosselle, avec une trentaine de villages ou d’écarts, constituent la seigneurie épiscopale (ou avouerie) de Hombourg-Saint-Avold. Si la cité naborienne est le centre économique de ce territoire, Hombourg, avec ses deux châteaux successifs, en est le centre politique considéré par les évêques de Metz comme une sentinelle avancée pour protéger leurs domaines.

Un premier château, un village

Un premier château est fondé au début du XIIe siècle par le comte de Metz, Folmar, qui prend alors le nom de comte de Hombourg. Etymologiquement, “Hombourg” signifie “Château d’en haut ou château perché”. Cette première construction est faite, en effet, sur une levée de terre de quatre à six mètres de haut sur soixante de long surplombant la vallée de la Rosselle et l’actuelle RN 3. Autour de ce château se développe le village originel de Hombourg, devenu par la suite le quartier de Hombourg-Bas. En 1152, Hugo, le dernier comte de Hombourg meurt sans héritier mâle. Aussitôt, Mathieu 1er, duc de Lorraine, tente de s’emparer de la place. Fort de l’appui de Frédéric Barberousse, l’évêque Etienne de Bar parvient à conserver ce château qui a pour lui une importance considérable dans la mesure où il permet de contrôler la route Metz-Sarrebruck-Mayence.

Un nouveau château, une ville-forte

Sceau de l’évêque Jacques de Lorraine

Considérant que le premier château est obsolète, l’évêque de Metz Jacques de Lorraine en fait construire un nouveau sur une autre colline à partir de 1245. Une chronique médiévale raconte l’événement en ces termes : « Il fit construire près du Vieil Hombourg, un neuf château sur le sommet d’un mont désert, qui est maintenant appelé Hombourg. Il édifia du tout le chastel de Hombourg et le fit tant noble que l’on l’appeloit “le miroir de la beauté”… Et là mist trop grand argent ».

Le site est exceptionnel et admirablement bien choisi. De cette colline étroite, de forme oblongue, aux flancs abrupts, qui domine tout le secteur, on peut observer chaque mouvement. Un chroniqueur messin donne d’ailleurs à l’ensemble le titre de “guérite du monde”.

Le nouveau château devient à son tour le siège et le chef-lieu de l’avouerie de Hombourg-Saint-Avold. Les officiers des évêques et quelquefois les prélats eux-mêmes y résident. Devant son château, Jacques de Lorraine fait ériger une ville-forte, l’actuel Vieux-Hombourg, ceinte d’un rempart de 650 mètres de long. L’ensemble est destiné au refuge de toute la région et montre à tous le pouvoir de l’évêché sur cette partie de ses territoires. Pour en savoir plus sur ce château, consulter notre DOSSIER N° 5.

Le village originel est annexé à la nouvelle ville, les deux entités ne formant dès lors qu’un seul ensemble connu sous le nom de “Hombourg L’évêque”. Depuis cette époque et jusqu’à nos jours, Hombourg-Bas est appelé « le village ».

Jacques de Lorraine accorde libertés et franchises à sa nouvelle ville. Ces privilèges sont confirmés par son successeur, Philippe de Florange, en 1262. Jacques y installe aussi, en 1254, un chapitre composé de 13 chanoines qui durera jusqu’en 1743. Les chanoines font construire leur nouvelle église collégiale à partir de 1290, construction qui dure près d’un siècle. Erigée entre 1250 et 1270, la chapelle Sainte-Catherine est l’ancienne chapelle domestique élevée par Simon de Hombourg, fondateur d’un lignage de chevaliers qui occupent un écart fortifié du château appelé Ritterburg.

Souvent disputée au cours des XIIIe et XIVe siècles, la ville-forte de Hombourg L’évêque est à l’abri des menées guerrières durant les XVe et XVIe siècles, mais elle est engagée et vendue à plusieurs reprises lors de complexes tractations.

La vieille porte

L’église collégiale Saint-Étienne

La chapelle Sainte-Catherine

Les temps modernes et le déclin de Hombourg

1572 marque l’aliénation de la seigneurie-avouerie de Hombourg-Saint-Avold par l’évêque Louis de Guise à son neveu Henri de Guise. En 1581, elle est vendue au duc de Lorraine Charles III. En 1621, le château devient la propriété d’Henriette de Lorraine, fille du comte François de Vaudémont.

La seigneurie n’échappe pas à la guerre de Trente Ans. Hombourg et Saint-Avold sont occupés à plusieurs reprises notamment en 1634 et 1635. L’enceinte urbaine de Hombourg et le château sont en partie détruits. La peste ravage la population qui est fortement décimée. Par le traité de Westphalie (1648) qui cède à la France le temporel de l’évêché de Metz, certains fiefs relevant du château de Hombourg (Hellering, Altviller, Barst, Betting) passent à la France.

Les prérogatives administratives et militaires de Homboug glissent définitivement vers la ville de Saint-Avold. Trop inadapté à la modernité, le pauvre rempart médiéval de la ville s’écroule pan après pan et Hombourg n’est plus alors qu’un simple bourg rural.

Après la suppression du chapitre en 1743, le duc de Lorraine Stanislas permet à des franciscains-récollets d’origine allemande de s’installer à Hombourg. Ils y construisent un couvent en 1769 et administrent la paroisse avant d’être expulsés en 1792.

Le réveil par le dynamisme industriel

Le milieu du XVIIIe siècle marque un tournant important dans l’histoire de la région dont l’économie a été jusque là essentiellement rurale. De nouvelles activités apparaissent à partir de 1750 telle l’industrie métallurgique qui exploite le minerai de fer local.

En 1758, Stanislas donne à Charles de Wendel la permission d’établir une forge à Hombourg pour y travailler le fer. Ce dernier acquiert ainsi un ensemble de moulins situés sur la Rosselle. En 1808, Madame de Wendel, née Anne Marguerite d’Hausen de Weidesheim, cède les forges créées par son mari à son neveu Ignace Charles d’Hausen. La famille d’Hausen gère l’entreprise jusqu’en 1850. À cette date, les maîtres de forge sarrois Gouvy rachètent l’usine et transforment l’établissement en une aciérie compétitive qui donne de l’emploi à des générations de Hombourgeois.

Ouvriers de l’usine Gouvy en 1926. L’usine Gouvy acquiert très rapidement une réputation internationale pour la qualité des outils qui y sont fabriqués.

Frère d’Alexandre, le maître de forges, le compositeur Théodore Gouvy est un musicien réputé.

Malheureusement, afin de centraliser leur production, les Gouvy quittent Hombourg en 1935 pour Dieulouard, où ils possèdent un établissement plus moderne. La famille Münch pérennise alors l’action des Gouvy en achetant leur usine, offrant du travail à près de 250 personnes. Elle fermera définitivement ses portes en 1980.

Grâce à son usine, Hombourg est devenu pour un temps le centre industriel de la région. Mais au milieu du XIXe siècle, avec l’extraction du charbon, de nouveaux centres apparaissent et Hombourg cède peu à peu la prééminence aux secteurs de Merlebach - L’Hôpital - Carling et de Saint-Avold - Folschviller. Le “bassin vert” du Warndt se transforme en “pays noir”. Avec la mono-industrie du charbon, un monde nouveau est créé aux dépens du vieux monde rural.

Après la deuxième guerre mondiale, des cités minières surgissent sur le ban communal : cités de la Chapelle, de la Riviera et des Chênes. La ville qui recense 1 507 âmes en 1801, enregistre une explosion démographique qui la porte au point culminant de 10 571 habitants en 1968 (un peu moins de 10 000 aujourd’hui).

À l’aube du XXIe siècle et les puits de mine ayant tous fermé, Hombourg est avant tout une ville résidentielle qui cherche à offrir à ses habitants une réelle qualité de vie dans un cadre naturel préservé.

Tradition et modernité : le Vieux Hombourg et, à l’arrière-plan, les cités.