Photo Philippe RIEDINGER LE REPUBLICAIN LORRAIN

Histoire de Guenviller.

par Alain Bour

Le village de Guenviller est situé à sept kilomètres de Saint-Avold et à trois kilomètres de Hombourg. En 1790, il devient commune du canton de Saint-Avold puis, en 1971, du canton de Freyming-Merlebach. La commune s’étend sur une surface de 474 hectares et comptait 672 habitants au recensement de 2009. La Nied allemande y prend sa source ainsi que le ruisseau Sainte-Catherine ( également appelé en platt “Katzebach”) qui se jette dans la Rosselle.

Guenviller et les seigneurs de Faulquemont

Si les premières traces écrites de la mention du village remontent au 2 avril 1221, il est fort probable que les lieux aient été habités depuis bien plus longtemps. Nous nous intéresserons, dans cet article, à l’histoire du village depuis le Moyen Âge.

Le village de Guenviller n’a jamais fait partie de l’avouerie de Hombourg - Saint-Avold. Au XVIe siècle, le village apparaît avec Merlebach et Marienthal dans les dénombrements de la Terre et Seigneurie de Faulquemont, qui dépendait de l’Office de Boulay.

Le premier dénombrement, daté de 1519, recense 11 conduits et demi. Au Moyen Âge, le décompte de la population était effectué sous la forme de conduits ou feux (dans le sens foyer, famille) afin de faciliter la collecte des impôts. Si l’on souhaite connaître le nombre réel d’habitants, il est d’usage d’appliquer un coefficient multiplicateur qui peut être de 4, de 4,5 ou de 5 voire davantage en fonction des époques et des régions. Le résultat obtenu reste néanmoins un chiffre très approximatif car les familles avaient beaucoup d’enfants, mais la mortalité infantile était aussi très importante. Pour Guenviller, il y avait 11 conduits et demi, soit 50 à 60 habitants environ. Par ailleurs, les veuves étaient imposées pour moitié, tandis que le maire et le pâtre étaient exonérés. Enfin une dernière particularité, et non des moindres, est qu’il y avait un lépreux, en l’occurrence Guerman, et son épouse Mayette était déjà considérée comme veuve puisque imposée pour moitié.

En 1566 à Augsburg, Maximilien II, Empereur du Saint Empire Romain Germanique, demanda à la Diète de lui accorder davantage de secours afin de pouvoir lutter contre l’invasion des armées turques de Soliman le Magnifique qui venaient de débarquer en Vénétie italienne. Il obtint la levée de soldats et des “mois romains” pour trois ans. Le “mois romain” était une taxe que les États du Saint Empire Romain Germanique étaient tenus de verser pour l’entretien des troupes chargées d’assurer leur défense, soit sous forme de soldats équipés, soit sous forme d’argent. Le dénombrement de 1567 s’inscrit dans cette démarche contributive, le village de Guenviller devant s’acquitter d’une taxe de 40 Francs qui correspondait aux 16 conduits. La population du village était alors d’environ 80 à 90 habitants.

Un troisième dénombrement, daté de 1585, nous permet d’avoir un aperçu du nombre d’habitants à la fin du XVIe siècle, à la veille du cataclysme qui allait secouer l’Europe toute entière au travers de la Guerre de Trente ans. On constate que la population du village est restée stable avec un nombre d’habitants quasiment identique à celui du dénombrement de 1567.

On a vu que le village de Guenviller dépendait de la seigneurie de Faulquemont. Cette terre de Faulquemont a connu entre le XIIe et le XVIIe siècle de nombreux possesseurs à savoir : les seigneurs de Malberg, les seigneurs de Fénétrange, les comtes de Salm, de Créhange, de Varsberg, Dietrich Bayer de Boppart frère de Conrad Évêque de Metz, les Ducs de Lorraine, les familles d’Haraucourt, Thiard de Bissy, de Choiseul et bien d’autres. Ainsi, en 1593, le Duc Charles III de Lorraine (portrait ci-contre) aurait vendu Merlebach, Guenviller et Marienthal à Elisée d’Haraucourt.

La famille d’Haraucourt, par une habile politique d’achat, n’a eu de cesse d’accroître son domaine de sorte qu’en 1625 elle détiendra les 7/8eme de la seigneurie. Elisée d’Haraucourt meurt à Nancy en 1629 et, pour signifier sa reconnaissance à la famille Haraucourt pour sa fidélité et les services rendus, le Duc Charles IV décida d’ériger la seigneurie de Faulquemont en Marquisat le 4 décembre 1629.

Malheureusement, à partir de 1618, la guerre fait rage en Europe et le duché de Lorraine ne sera pas épargné. Bien au contraire, il va en quelque sorte être le souffre douleur de toutes les armées qui vont le traverser. Ce sera la Guerre de Trente Ans qui, en Lorraine, ne commencera qu’en 1631 pour s’achever en 1661 avec des conséquences démographiques désastreuses pour la région.

En août 1633, plusieurs armées en provenance de toute l’Europe envahirent le duché. Ce sont près de 150 000 hommes qui se livrèrent aux pires exactions sur les populations : massacres, tortures, viols, pillages et incendies. Les années 1635 et 1636 furent parmi les pires que la région de Saint-Avold – Forbach ait pu connaître. En juin et juillet 1635 les Suédois (environ 10 000 hommes) sous le commandement de Bernard de Saxe-Weimar établirent leur campement sur la Sauerbach près de Hombourg-Haut. La soldatesque qui comptait beaucoup de mercenaires n’hésita pas à réquisitionner vivres et fourrages, à piller et incendier les villages alentours, massacrant les populations. La situation était devenue insoutenable à tel point que des villages entiers arrivaient à la forteresse de Hombourg « avec tous leurs biens, chevaux, vaches, porcs, femmes et enfants » pour s’y réfugier. C’étaient les habitants de Macheren, Seingbouse, Béning, Henriville, Farébersviller, Cocheren, Folkling, Emmersviller, Guenviller, Betting, Barst, Cappel, Holbach, Rosbruck,Théding, Petite-Rosselle, Merlebach, Freyming, Marienthal, L’Hôpital et Forbach. Ceci nous amène à penser que beaucoup d’habitants avaient été tués ou avaient quitté la région pour aller vivre ailleurs, notamment au Luxembourg et dans les grandes villes de la vallée du Rhin, Coblence, Cologne, Mayence entre autres.

Le 24 juillet 1635, l’armée française du Cardinal de La Valette arriva à Freyming pour rejoindre les Suédois à Sarrebruck. La jonction faite, les Franco-Suédois partirent à la poursuite de l’armée impériale de Mathias Gallas.

Les quelques habitants encore en vie pensaient retrouver une certaine sérénité, mais un nouveau malheur allait s’abattre sur eux : dès le début du mois d’août 1635 une épidémie de peste sans précédent allait sévir, anéantissant des familles entières en quelques semaines au point que les cimetières et les fosses communes débordaient de cadavres. Et comme si cela ne suffisait pas, à l’automne 1635 Gallas et son armée traversèrent à leur tour le nord du duché de Lorraine, pourchassant l’armée du Cardinal de La Valette qui cherchait à se replier vers Metz. Les soldats de Gallas et plus particulièrement les Croates et les Hongrois achevèrent de détruire ce qui avait été épargné par les Suédois, se livrant à des actes d’une cruauté inouïe sur lesmalheureuses populations qui avaient survécu.

En 1636, la plupart des villages étaient totalement dépeuplés et des dizaines d’autres définitivement rayés de la carte n’ayant plus jamais été reconstruits. Un habitant de Bistroff, Matz FABRY, témoigne : « En 1636, un certain Jean SCHWARTZ a été envoyé à Guenviller pour contraindre les habitants à payer, mais n’ayant trouvé aucun habitant dans le village, il est venu à rencontrer Adam KIEFFER de Guenviller et lui a pris deux chevaux ».

Comme de nombreux autres villages du duché de Lorraine, Guenviller mettra longtemps à se repeupler. Le dénombrement de 1669 reflète parfaitement cette triste réalité. On constate dans ce document qu’il n’y a plus que cinq conduits à Guenviller ce qui représente entre 25 et 30 habitants, alors que la Guerre de Trente Ans est officiellement terminée en Lorraine depuis 1661. Le marquis de Faulquemont, soucieux de favoriser le repeuplement de ses terres, chercha par tous les moyens à attirer de nouveaux habitants en accordant une exemption temporaire de rentes et d’impôts.

À cette époque, le Marquis d’Haraucourt n’est pas le seul propriétaire de Guenviller. Il n’en possède que les trois quarts, l’autre quart étant détenu par le comte de Varsberg. À ce titre, Lothaire Friedrich de Varsberg vend, en 1695, aux religieuses bénédictines de Saint-Avold, le huitième de la Baronnie pour la somme de 5 960 écus, soit 17 880 livres tournois (un écu valant 3 livres). Elles deviennent ainsi propriétaires d’un certain nombre de terres dans la seigneurie de Faulquemont, notamment : Redlach, Gollenholz, Marienthal et Guenviller.

La famille de Haraucourt restera en possession du Marquisat de Faulquemont jusqu’à l’extinction de la branche masculine avec le décès de Charles Elisée Joseph au château de Dalem, le 21 août 1715, qui ne laisse aucun héritier en ligne directe. C’est son neveu Anne Claude de Thiard (portrait ci-contre), fils de Jacques de Thiard et Bonne Marguerite d’Haraucourt (sœur d’Elisée), qui devient Marquis de Faulquemont. Anne Claude de Thiard, “Marquis de Bissy, d’Haraucourt et de Faulquemont, Comte de Dalem, Lieutenant Général des armées du Roy, Gouverneur des Ville & Château d’Auxonne, Ministre plénipotent de France près le Roy des deux Siciles”, est originaire de Bourgogne où la famille de Thiard possède la seigneurie de Bissy.

Considérant que l’ancienne seigneurie de Faulquemont est indivisible et ne peut appartenir à plusieurs maîtres, Anne Claude de Thiard demande en 1723 au duc Léopold de Lorraine de lui accorder le droit de retrait féodal. C’était le droit que la coutume donnait aux seigneurs de retirer et retenir un bien vendu dans sa mouvance en remboursant le prix payé à l’acquéreur. Aussitôt il entre en conflit avec les Bénédictines de Saint-Avold qui n’avaient absolument pas l’intention de renoncer au huitième que leur avait cédé le comte de Varsberg en 1695. Finalement, après une nouvelle intervention du Duc de Lorraine, les religieuses finirent par abandonner tout ce qu’elles possédaient dans la baronnie, entre autres le village de Guenviller.

Les habitants de Guenviller comme ceux d’autres villages du Marquisat subissaient une pression fiscale importante pour l’époque, alors que les affres de la Guerre de Trente Ans étaient encore présents dans tous les esprits et que le redressement économique s’avérait particulièrement difficile.

Anne Claude de Thiard de Bissy restera Marquis de Faulquemont jusqu’au 21 janvier 1751, date à laquelle il vendra le Marquisat à Messire Marie Gabriel Florent, comte de Choiseul-Beaupré, colonel du régiment de Navarre, lieutenant général de la province de Champagne, et à son épouse Madame Marie-Françoise Lallemant de Betz, comtesse de Choiseul, pour la somme de 625 000 livres. La maison de Choiseul dont est issu le ministre de Louis XV est une illustre famille dont le nom provient de la terre de Choiseul, ancienne Baronnie de Bassigny, en Champagne. Malheureusement, le comte de Choiseul décédera le 6 septembre 1753 et c’est son épouse qui continuera à gérer les biens communs jusqu’à la Révolution Française en 1789. En 1766, à la mort de Stanislas LESZCZYNSKI, dernier duc de Lorraine, le Marquisat intègre le Royaume de France.

La comtesse de Choiseul a marqué son époque et laissé un profond souvenir, par ses largesses et sa grande générosité. Pendant plusieurs années, elle a apporté son aide aux populations démunies par le biais de dons d’argent et en faisant venir de grandes quantités de nourriture comme en témoigne le dénombrement du 1er février 1756. Ce dénombrement est aussi le reflet d’une société qui peine à survivre, confrontée à une profonde misère, due en bonne partie aux impositions et droits seigneuriaux devenus de plus en plus nombreux et lourds au cours des siècles. Le Marquisat compte 30% de pauvres, Guenviller compte 44 pauvres pour 174 habitants et Marienthal 100 pauvres pour 102 habitants.

Le roi Louis XVI décida de convoquer les États Généraux pour le 1er mai 1789. Au préalable, en mars-avril, il demanda aux trois ordres (Noblesse, Clergé et Tiers État) de rédiger les “Cahiers de Doléances”. Ces cahiers contiennent les plaintes et vœux des populations que devront présenter les députés élus aux États Généraux. Les habitants de Guenviller se sont bien sûr exécutés et nous avons le détail de leurs doléances. Les problématiques des habitants du village relèvent avant tout de leur vie quotidienne : le prix trop élevé de certaines denrées alimentaires (le sel en particulier), mais aussi les prix du bois de chauffage, du cuir et du fer pour la confection de souliers, la difficulté d’exercer un commerce et les trop fortes impositions qui appauvrissent les populations et les incitent à émigrer vers d’autres régions notamment les provinces du Banat et de la Batschka en Hongrie. Parmi les intervenants, on notera la présence d’Antoine Frideritcy qui sera élu député par 12 voix sur 29, et qui était admodiateur de Mme de Choiseul (c’était en quelque sorte le gérant des terres et des biens du village pour le compte de la comtesse de Choiseul, propriétaire des lieux) et de Phillipe Hourdt, prêtre chanoine prémontré de l’abbaye de Wadgassen, administrateur de la paroisse de Guenviller.

Le système seigneurial, incompréhensible aux yeux du monde rural, va disparaître définitivement avec la Révolution Française de 1789, qui proposera une société nouvelle fondée sur les notions de liberté et d’égalité des droits ainsi que la suppression des privilèges. Dès le 4 août 1789, la comtesse de Choiseul perd tous ses droits sur les communautés du Marquisat. Seigneuries, comtés, duchés sont supprimés.

L’église Saint-Lambert a été érigée en 1789 et agrandie en 1861.

La paroisse

Les premières traces de l’histoire de la paroisse de Guenviller apparaissent dans un document en date du 2 avril 1221 rédigé au palais du Latran à Rome par le pape Honorius III. Dans cet écrit, il apparaît clairement que la chapelle de Guenviller est une annexe de la paroisse de Petit-Ebersviller dont elle dépend comme celles d’Altviller, Macheren et Valmont et c’est l’abbaye de Wadgassen qui en a le patronage.

Ce statut de filiale va poser problème et être à l’origine de conflits au cours des siècles entre les paroissiens de Guenviller d’une part et le curé de Petit-Ebersviller et l’abbaye de Wadgassen d’autre part. Les habitants de Guenviller n’auront de cesse de revendiquer le statut d’église-mère pour leur paroisse estimant que leur église était à même d’assurer les baptêmes, mariages et sépultures dans les règles et les formes édictées et qu’il n’était absolument pas légitime de leur demander de contribuer aux besoins de l’église de Petit-Ebersviller. En 1390, l’évêque de Metz Raoul de Coucy est contraint de s’interposer et d’arbitrer ce conflit par un jugement qui sera favorable à la paroisse de Petit-Ebersviller et la confortera dans son rôle d’église-mère. Le 2 décembre 1390, un tribunal arbitral composé de trois personnes va entériner cette décision. En 1420, cette querelle reprend de plus belle et c’est encore une fois l’évêque de Metz, en l’occurrence Conrad II Bayer de Boppart, qui sera amené à repréciser clairement la position qu’avait adoptée Raoul de Coucy son prédécesseur. En 1565, les habitants de Guenviller vont une fois encore manifester leur mécontentement en adressant une plainte au seigneur de Faulquemont qui précisait que l’abbaye de Wadgassen ne respecterait pas pleinement ses engagements.

Cette situation conflictuelle va se prolonger jusqu’au XVIIIe siècle. La ténacité des habitants va finir par payer. Par décret du 12 octobre 1755, sur décision de l’évêque de Metz, l’église de Guenviller sera démembrée de la paroisse de Petit-Ebersviller et érigée en cure. Malgré la publication du décret, le curé de Petit-Ebersviller et l’abbaye de Wadgasseb entamèrent une procédure en annulation auprès du diocèse de Trèves. Condamnés par défaut à Trèves le 12 juin 1759 par un jugement qui casse le décret de désunion, les habitants de Guenviller en appelèrent à Rome. Le pape chargea l’évêque de Toul de régler définitivement cette affaire. L’audience et le procès eurent lieu à Toul le 7 octobre 1767 et la décision prise par l’évêque de Metz douze ans plus tôt sera définitivement confirmée. La Cour de Lorraine confirmera la sentence et sa mise en exécution le 18 février 1768.

Guenviller dans le canton de Saint-Avold

Par décret du 14 décembre 1789, l’Assemblée Constituante établit une organisation administrative plus uniforme : c’est la création du département. Le département de la Moselle est divisé en 9 districts, chaque district étant subdivisé en cantons ; Merlebach, Marienthal et Guenviller feront partie du district de Sarreguemines, Merlebach du canton de Forbach, Marienthal et Guenviller du canton de Saint-Avold.

Au cours du XIXe et du XXe siècle, le département de la Moselle connaîtra un développement sans précédent au travers d’une part de l’industrialisation et d’autre part grâce à la mécanisation agricole. Cette évolution que l’on peut qualifier de “révolution “ va amener de profonds changements au sein de la société qui va passer progressivement d’un statut à dominante agricole et artisanale à une démarche commerciale et industrielle.

Le village de Guenviller, comme beaucoup d’autres en Moselle-Est, profitera pleinement de cette expansion grâce à l’exploitation minière qui va démarrer à partir de 1835. Les mineurs du Bassin Houiller de Lorraine ont travaillé dur pour offrir à leurs familles des conditions de vie meilleures et ils ont souvent cumulé deux activités, d’une part le travail à la mine et d’autre part l’exploitation agricole. D’un point de vue administratif, Guenviller a été rattaché à Seingbouse par décret du 12 mars 1814 et sera de nouveau érigé en commune par ordonnance du 16 août 1841.

La vie au village autrefois

Guenviller en 1905

Jusque dans les années 1960, la plupart des mineurs de Guenviller cultivaient un champ et avaient un cochon et une ou deux vaches. Durant leur absence, leur femme et leurs enfants se chargeaient de tous les travaux, à part ceux qui étaient réservés aux hommes, comme la fauche et les labours. En automne, dès les premiers froids, on procédait à l’abattage du cochon que l’on avait engraissé tout au long de l’année.

Caractéristiques des villages lorrains, l’usoir correspondait à un recul du bâti individuel d’environ 3 à 7 mètres depuis la chaussée. Jusqu’au début des années 1960, il servait également d’emplacement au fumier, mis en tas directement sur le sol. La taille du tas, variable suivant la quantité de bétail, était alors un signe de réussite économique. Photo de droite : la première moissonneuse de Guenviller.

Il y eut aussi des périodes douloureuses à vivre comme la guerre de 1870 suivie de l’annexion de l’Alsace-Moselle à l’Allemagne par le Traité de Francfort du 10 mai 1871. C’était la clause la plus sévère de la paix imposée par Bismarck. Ainsi, le Haut Rhin, le Bas Rhin, le nord de la Moselle et de la Meurthe et une partie des Vosges devinrent le “Reichsland Elsass-Lothringen “. Au cours de cette période, l’Alsace-Moselle connut des flux migratoires importants puisque jusqu’en 1914 ce furent près de 500 000 habitants (sur un total de 1 800 000) qui émigrèrent vers la France et ses colonies et vers l’Amérique.

Ce n’est qu’à l’issue de la Première Guerre Mondiale de 1914-1918 que l’Alsace-Moselle réintégra la nation française, par l’armistice du 11 novembre 1918 et le Traité de Versailles du 28 juin 1919. Malheureusement, notre région eut à peine le temps de se redresser qu’éclata la Seconde Guerre Mondiale. Le 1er septembre 1939, les habitants furent évacués, les familles d’agriculteurs en Charente et les familles de mineurs dans le Pas-de-Calais. La Moselle fut encore une fois annexée au Reich, rattachée à la Sarre et au Palatinat pour former le “Gau Westmark” jusqu’en 1944.

Les Allemands mirent en place une politique destinée à germaniser et “nazifier” ces territoires en recrutant activement dans les écoles mosellanes pour inciter les jeunes garçons et filles à adhérer aux organisations nazies que sont les “Hitlerjugend” (Jeunesse Hitlérienne) et les “Bund Deutscher Màdel”. La police allemande au travers de la “Gestapo” mit en œuvre une répression des plus brutales, notamment vis-à-vis des réfractaires-déserteurs qui refusèrent l’incorporation de force dans l’armée allemande. Tous ces jeunes Mosellans, les futurs “Malgré-nous”, n’eurent pas d’autre choix que de se sacrifier pour éviter à leur famille de terribles représailles et la déportation vers les camps de concentration.

Guenviller sera libéré le 27 novembre 1944 par la 80e division d’infanterie (3e Armée U.S. du Général Patton) sous le commandement du Major Horace Logan Me Bride.

Guenviller dans le canton de Freyming-Merlebach

Depuis 1971, Guenviller fait partie du canton de Freyming-Merlebach et c’est l’une des 11 communes qui constituent la Communauté de Communes de Freyming-Merlebach. Depuis cette date et la disparition des Houillères, Guenviller est devenu essentiellement un village résidentiel dont la population est passée de 523 habitants en 1975 à 672 en 2009. Il n’y reste plus qu’un seul agriculteur.

Les 135 ans de l’orgue

L’église Saint-Lambert abrite depuis 1877 un orgue magnifique. En mars 2013, son 135e anniversaire a été dignement fêté. Cet orgue qui a été construit par le facteur d’orgues Jean Frédéric Verschneider, a bénéficié en 1990-1991 d’une restauration totale avec la particularité que c’est un des tout premier du département à avoir pu bénéficier d’une restauration approfondie et respectueuse de son esthétique d’origine.

Quelques mots sur les facteurs d’orgue Verschneider de Puttelange. Cette famille d’organiers a construit des instruments dans tout l’Est de la France, notamment en Moselle et ce dès la fin du XVIIIe siècle et pendant tout le XIXe siècle. C’est Michel Verschneider (1729-1797) qui fonda la Manufacture. Son fils Jean-Frédéric I Verschneider (1771-1844) a poursuivi son oeuvre en construisant un certain nombre d’instruments dans la région de Sarrebourg et Sarre-Union. Enfin, c’est avec la troisième génération Jean-Frédéric II Verschneider (1810-1884) et ses deux frères Jean-Georges (1815-1865) et Nicolas (1818-1899) que la Manufacture connut une évolution extraordinaire. Après être partis se perfectionner à Paris auprès de John Abbey, les trois frères revinrent à Puttelange en 1837 et ils ont équipé d’orgues tout le secteur Saint-Avold - Faulquemont - Morhange, et on peut affirmer qu’ils ont créé un style authentiquement mosellan de facture d’orgue XIXe,

L’orgue de Guenviller a donc été construit par le petit-fils du fondateur. Le buffet est typique de leur production des années 1875; ces buffets sont très beaux, d’un goût très sûr et qui s’adaptent parfaitement au style baroque et rural des églises mosellanes.

Joseph Bour a été l’organiste de 1926 à 1961 et son fils Alfred Bour a pris le relais jusqu’en 1995.