Le lycée Jean-Victor Poncelet : Origine et évolution de 1918 et 1988
Extraits de l’article d’André Podsiadlo paru dans le “Cahier Naborien” n° 5
Dans les locaux de l’actuel Hôtel de Ville
En 1876, pendant la période du Reichsland, est créé à Saint-Avold un établissement scolaire portant le nom d’ “Ecole Préparatoire Impériale” (Kaiserliche Preparandenanstalt). Cette école s’installe dans l’ancienne résidence des Comtes de Hennin, l’actuel Hôtel de ville. Son rôle est de préparer les élèves au concours d’entrée à l’Ecole Normale d’Instituteurs. Un deuxième établissement de ce genre fonctionnait à Phalsbourg. Les conditions d’admission sont les suivantes :
- avoir 14 ans révolus
- réussir le concours d’entrée
- fournir un certificat médical constatant l’aptitude physique au métier d’instituteur. Les élèves sont boursiers et signent un engagement de servir dans l’enseignement à l’issue de leurs études. Très vite l’Ecole Préparatoire acquiert une excellente renommée. Dès les années 1880, 40 à 50 candidats se présentent pour les 25 à 27 places mises au concours chaque année. Outre les matières traditionnelles enseignées dans tout établissement scolaire, nous relevons l’étude d’un instrument de musique, parfois le piano, plus souvent le violon. Nos parents ou nos grands-parents gardent un souvenir attendri de l’instituteur enseignant le chant en s’aidant de son violon. La calligraphie est une autre discipline fort prisée. En effet, comment enseigner l’écriture si l’on ne sait mouler à la perfection les lettres avec pleins et déliés ?
En 1908, la ville envisage la création d’un collège moderne (Realschule). Le projet est bientôt abandonné car une telle école fonctionnait déjà à Forbach. Le 13 juin 1921, le Conseil Municipal se penche sur une lettre de Monsieur le Directeur de l’Instruction Publique invitant le Maire de Saint-Avold à créer une Ecole Primaire Supérieure dans les locaux de l’ancienne Ecole Préparatoire transférée à Metz.
Le Conseil Municipal décide cette création et précise : “Le personnel enseignant comprendra un directeur, deux professeurs de lettres et allemand, un professeur femme pour l’enseignement ménager, deux instituteurs chargés de la surveillance de l’internat. Comptant sur une subvention de l’Etat aussi élevée que possible, le Conseil s’engage à voter les fonds nécessaires à l’exécution des travaux mentionnés plus haut”. Dans la séance du 8 août 1921, les Conseillers Municipaux estiment l’équipe pédagogique insuffisante et rajoutent la création de deux postes de professeur de sciences et d’un poste de professeur de travaux manuels. Tout est paré pour la rentrée du 1er octobre 1921. Une précision encore : “La nouvelle école sera mixte et interconfessionnelle. L’internat, ouvert aux garçons seulement, fonctionnera selon le même régime que celui de l’Ecole Préparatoire”.
L’Ecole Primaire Supérieure en 1922
Par la suite, la Municipalité apporte des améliorations à rétablissement : 1924 : installation de bains-douches et construction d’un préau 1925 : installation de lavabos à l’internat. Nous retrouvons, de temps à autre, un appel du Préfet demandant à la ville de construire une nouvelle E. P. S. mieux adaptée à l’enseignement. Les Conseillers refusent une telle dépense estimant insuffisante la participation proposée par l’Etat. Donnons une idée des tarifs pratiqués à l’E. P. S. en 1934 :
- Pension complète par élève couchant au dortoir : 1 800 F par an
- Pension complète par élève couchant en ville : 1 620 F par an
- Demi-pension : 3,25 F par jour. L’examen des comptes de l’internat (séance du Conseil du 21 décembre 1933} fait apparaître un excédent de recettes de 95 911,30 F. Cette somme est affectée à l’entretien et à la rénovation du bâtiment.
Le premier directeur de l’E.P.S. fut Monsieur WOLF auquel succède Monsieur FRISCH. En 1935, Monsieur HENRY, professeur d’allemand, prit la direction de l’établissement qu’il garda jusqu’en 1954, avec une interruption pendant l’occupation (1939-1945).
Au lendemain de la guerre, l’E.P.S. se transforme en collège moderne. On y enseigne l’allemand et l’anglais. Dès 1952, un poste de lettres classiques est créé et le collège devient classique et moderne.
Monsieur HENRY est remplacé à la rentrée 1954 par un jeune agrégé d’histoire-géographie venant du lycée Poincaré de Nancy, Monsieur René HABY. Devant l’augmentation des effectifs, la Municipalité et le Ministère envisagent la construction d’un grand bâtiment susceptible d’accueillir les élèves dans de meilleures conditions. En mai 1958, Monsieur HABY est appelé au poste de Proviseur du lycée d’Avignon. L’intérim jusqu’à la rentrée est assuré par Monsieur CORONA, professeur au collège depuis quelques années. Rappelons pour mémoire le carrière de Monsieur HABY qui devint, en quittant Avignon, proviseur du lycée Fabert à Metz, ensuite proviseur à Saint-Etienne, Recteur, Directeur de l’enseignement secondaire, Chef de cabinet du Ministère de la Jeunesse et des Sports (Ministère de Monsieur MISOFFE) et, en 1974, Ministre de l’Education Nationale. La thèse de doctorat de Monsieur HABY date de cette époque ; il s’agit d’une étude des Houillères du Bassin de Lorraine.
En octobre 1958, Monsieur PERRIN, agrégé de lettres classiques, précédemment censeur au lycée d’Auxerre prend la direction de l’établissement qui est administrativement une annexe du lycée Fabert de Metz (le lycée Poncelet ne sera autonome qu’à la rentrée 1960). En 1958, commence la construction des bâtiments actuels sur l’emplacement de la caserne Mahon. Le nouveau lycée est prévu pour l’accueil de 1 200 élèves et sa construction dure deux ans.
La “Ketzerath-Kaserne” rebaptisée “caserne Mahon” disparaît. Le lycée est construit sur l’emplacement ainsi libéré.
Le lycée dans ses propres locaux
Le déménagement de l’ancien bâtiment dans les nouveaux locaux débute en octobre 1960. Monsieur DOUMERGUE, le nouveau proviseur, parle de la situation lors de son discours d’inauguration le 15 juin 1963 : “Enfant malheureux et parfois malmené aussi, dois-je dire, que les impérieuses nécessités du moment nous ont obligé de mettre en service membre après membre, au fur et à mesure de leur achèvement, élèves et professeurs guettant pour s’y installer la minute où le dernier ouvrier, que dis-je, l’avant-dernier le plus souvent, quitterait la pièce, sa caisse à outils sur l’épaule ; au point que ce fut une cohabitation permanente d’élèves et d’ouvriers, un théâtre qui joua simultanément l’école et le chantier”.
L’internat est terminé pendant les vacances de Pâques 1962 et le gymnase au cours de l’été 1963. On comprend aisément les difficultés de cette période lorsque l’on sait que 1 400 élèves se trouvaient déjà dans la résidence des Comtes de Hennin, bâtiment historique, certes, mais peu adapté aux nécessités d’un lycée.
L’année scolaire 1962-1963 voit le lycée fonctionner avec près de 1 800 élèves. C’est à cette époque que le conseil d’administration choisit le patronyme de Jean Victor Poncelet pour ce nouvel établissement. Rappelons en quelques mots qui était Jean Victor Poncelet. “Né à Metz en 1788, mort à Paris en 1867, Jean Victor Poncelet passa sa jeunesse à Saint-Avold chez son frère, notaire en notre ville. Général, mais surtout savant mathématicien, il commanda l’Ecole Polytechnique et fut membre de l’Institut, créateur de la géométrie prospective et père de la mécanique industrielle. A la fois géomètre, mécanicien, ingénieur militaire, il fut un des plus grands savants produits par la France”. Puisse un tel parrainage inspirer nos lycéens. On songe à la formule de Platon inscrite sur la porte de son académie “Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre”.
Dès cette époque, le lycée fait sa première poussée de fièvre. La rentrée 1963 voit affluer près de 2 000 élèves et le nouveau proviseur, Monsieur SCHERER, fait son possible pour caser tout ce monde. Les cours ont lieu partout où cela est possible, y compris dans les salles d’études de l’internat. Le réfectoire sert également de salle de classe. On envisage alors la construction d’un Collège d’Enseignement Secondaire (C.E.S.) afin de dégager une partie des élèves du premier cycle. Cette construction, le C.E.S. “La Fontaine”, se termine en 1966 et permet au lycée de fonctionner quelque temps dans des conditions acceptables sinon confortables.
En octobre 1965, Monsieur FRINDEL remplaça Monsieur SCHERER, nommé au lycée international de Saint Germain en Laye. Cette période est marquée par une augmentation incessante des effectifs. 1968 voit le départ de Monsieur FRINDEL et l’arrivée de Monsieur AMORSI qui préside aux destinées du lycée pendant deux ans. Puis c’est Monsieur MAILLE qui occupe la fonction de proviseur jusqu’en octobre 1975. À la rentrée 1971, le lycée accueille 2 239 élèves. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : occupation des salles d’études de l’internat, fonctionnement de quelques classes à l’école primaire du Wenheck disposant de salles libres, construction de deux baraques (dites classes mobiles) dans la cour du lycée, ou tout simplement attente des élèves et des professeurs qu’une salle soit libre.
On envisage alors la construction d’un deuxième C.E.S. situé à la Carrière, à côté du L.E.P. “Valentin Metzinger”. Des lenteurs administratives retardent sa réalisation jusqu’en 1972. La rentrée 1972 voit le lycée Poncelet se séparer de son premier cycle et, pendant quelques années, les conditions de travail deviennent normales. Le lycée compte alors moins de 1 000 élèves.
En octobre 1975, Monsieur MAILLE, appelé à d’autres fonctions céde son poste à Monsieur DROGI, précédemment censeur au lycée. Bientôt la croissance des effectifs reprend. De 971 élèves en 1972, on passe a 1 269 cinq ans plus tard et 1 818 en octobre 1988.
Note : À la rentrée 2008, le lycée Jean-Victor Poncelet comptait 1 660 élèves encadrés par 150 professeurs.